La VW Coccinelle Mongolfiere

coccinelle montgolfiere

L'histoire de la naissance au vol "expérimental" de la VW Coccinelle Mongolfiere

L'histoire d'une Volkswagen qui roule et qui vole…

Ndlr : "Vous trouverez sur cette page l'histoire en texte, d'une VW Coccinelle Volante. Sur les autres, toutes les photos se reportant à cet exploit.

En 1993 le numérique n'était pas très utilisé, ce sont donc des photos scannées. Au début de la construction, le seul appareil disponible était un Polaroïd ce qui nous donnera des photos carrées."

La naissance d'un projet :

En 1990 j’étais membre du Lémania Coccinelle Club, une association à but non lucratif en cours de création. Le jour l'assemblée générale de constitution, un comité très restreint surpris celle-ci, avec un projet de rencontre internationale pour les passionnés de Volkswagen refroidies par air. Après bien des controverses et un avocat du diable très actif, la première rencontre internationale Club aura donc eu lieu en septembre 1991 à Château d'Oex ou j'habitais… La suivante en septembre 1992.

Fin 1992, Claude Jelk, membre de l'Office du tourisme de Château-d'Oex, qui approuvait cette manifestation d’un nouveau genre pour le Pays d’Enhaut, m’invita à prendre l’apéro… Claude était membre du comité d’organisation, d'une manifestation internationale de Ballons à Air Chaud (montgolfières). Autour de ce verre de l'amitié, et quelques autres plus tard, je ne me souviens plus lequel des deux a lancé l'idée d'accrocher une VW Coccinelle, à la place d'une nacelle de Montgolfière. Puis chemin faisant, Le défi se corsa avec l’idée de pouvoir rouler, s’envoler et revenir par la route... Rendez-vous était pris pour septembre 1993.

Annoncer ce projet au club n'était pas difficile car à cette époque j'occupais le poste de Président d'Organisation du Meeting du Château-d’Oex, ce qui fut fait à la première réunion, et provoqua un tollé général. Le projet était validé mais avec une courte majorité. Le projet coccinelle montgolfière pouvait prendre " son envol " à condition de ne pas couter d'argent…

Les premières difficultés :

Le projet lancé et approuvé, la première chose à faire était de rallier un maximum de personnes afin de réaliser toutes les étapes nécessaires. Une voiture qui était propriété du club serait donnée pour servir de base de départ. Des contacts ont été pris pour les autorisations, mais la première sanction tomba: projet irréalisable, car trop dangereux et inutile.

Claude Jelk, Guy Pallaz et Philippe Sublet de l'Office du Tourisme de Château-d'Oex ainsi que le Centre International de Ballons à Air Chaud commencèrent à constituer un dossier plus important dans le but de convaincre l'Office de l'Aviation Civile Suisse. Mais nous allions devoir construire la coccinelle montgolfière sans savoir si elle pourrait voler… un jour.

La construction du prototype :

Donc les soirs à venir seraient bien occupés. Un tôlier soudeur, Gérard Paratte, se proposa puis un mécano, Christophe Junod, puis Eric Fournier, mon beau-frère, Jean-Charles Piaulé, et ce fut une équipe de cinq personnes s'affairant à cette construction. Enlever tout ce qui était superflu pour gagner du poids, décabosser, poncer, souder plier du tube, à la chaudronnerie Turrian, assembler à blanc puis enfin souder le tout avant de mettre l'ensemble dans en cabine de peinture.

Selon les instructions préliminaires imposées de l’Office Fédéral de l’Aviation Civile, le prototype devait rester accrocher suspendu huit jours, afin de confirmer la bonne tenue des points de fixations. Nous avons donc cherché un endroit comprenant un palan et suffisamment de hauteur pour accrocher l’ensemble. Le test fut fait chez Albert Chabloz, dans ses ateliers pour poids-lourds. Puis la Coccinelle Montgolfière revient dans la carrosserie de Jacky Yersin.

Plus le projet avançait plus la population Damounaise se sentait concernée et plus on recevait d'offres d'aides spontanées…

L'office fédéral de l'Aviation civile :

L’Office Fédéral de l’Aviation Civile nous accorda l'autorisation de vol huit jours avants,
interdisant :
tout décollage avant le jour du vol, pas d'essence dans la voiture ni de batterie avec les bouteilles de gaz,
imposant : une annotation sur la voiture et en dessous "vol expérimental"…
Nous avons donc vidé et dégazé le réservoir traditionnel crée un système de démontage rapide de la batterie et installé un réservoir de vélomoteur prés du moteur que nous pouvions aisément décrocher.

Les essais :

Rendez-vous était pris sur le terrain de la manifestation pour un test grandeur nature, un soir vers huit heures, et bien sur, dans le plus grand des secrets. Mais un ballon à air chaud qui se gonfle, cela ne peut pas rester discret. C’est un spectacle ! En plus lorsqu’il n’y a pas de nacelle mais une drôle de voiture en dessous, tout le monde accours.
Enfin nous arrivons à coucher la VW sur le côté, déballer la toile, et gonfler le tout pour relever la voiture par l’air chaud. Le résultat est satisfaisant mais la carrosserie endommagée sur deux des quatre ailes. Il faudra trouver un autre système car la voiture doit obligatoirement être inclinée. Malgré tout les quatre roues ont juste quitté le sol pendant quelques minutes. Le test était réussi sans ennui majeur.

Pour l’anecdote, une équipe de télévision brésilienne revenant de faire un reportage Gstaad, commença à filmer, sans notre autorisation, mais après quelques minutes de discussion, ils nous promirent de ne pas diffuser ce reportage avant la date de la manifestation. La coccinelle était encore fabriqué au Brésil cet année la.

Le jour J, les préparatifs :

La manifestation bat son plein, nous sommes le 4 septembre 1993, le soleil est au rendez-vous, mais un vent qui ne veut pas faiblir compromet les opérations. Nous emmenons par la route la VW sur le terrain de Thérèse Raynaud, dans l’espoir que le vent se calme car le public venu au meeting de Château-d'Oex devenait demandeur car cette animation était au programme. Tous attendaient l’exploit ou la chute.

Nous commençons les préparatifs sans grande conviction, mais François Chappuis, le pilote nous dit que si le vent se calme, ce sera vers dix-huit heures, mais que le créneau serai court car météo suisse annonçait des orages en soirée…

Le gonflage de l'enveloppe

La coccinelle est inclinée sur le côté sur deux grands étais, l’enveloppe du ballon déroulée et nous insufflons avec un énorme ventilateur de l’air, pour faire patienter le public et se préparer au cas où le vent se calmerai.

Puis tout va très vite. Vers 18h15 le vent tombe légèrement et François nous dit que c’est maintenant ou demain. Ouverture du gaz et des brûleurs, chauffe intensive de l’air et à 18h30, c’est au tour des essais radio, La Coccinelle-Montgolfière est sur le point de décoller.

Le Vol Expérimental :

François Chappuis Pilote, Martial Obéron co-pilote
Devant une foule silencieuse, il est 18h40, François l’aérostier, pousse les brûleurs, je tourne doucement le volant, la voiture vire et commence à rouler, les roues arrières quittent le sol, encore quelques mètres, puis la coccinelle quitte définitivement la terre ferme.

Un mètre, puis cinq et c'est à environ une dizaine de mètres du sol que nous entendons monter vers nous, une clameur suivie d’un tonnerre d’applaudissement. A ce moment la, François et moi regardons vers le sol et ce que nous découvrons est hallucinant. La foule s’est levée et hurle de joie.

Pour nous le pari est gagné. François effectue une rotation sur 360 degrés pour saluer la foule. Que de calme dans les airs ! La coccinelle file à toute allure et seuls, les petits coups de brûleurs viennent troubler cette quiétude. Instant magique pour le passionné de coccinelle que je suis…

L'atterrissage :

Le retour sur la terre ferme ne s’effectue pas comme prévu ! Le vent s’intensifie, et la colline approche trop vite ! L’ordre est donné à l’équipe de récupération et l’atterrissage se fait en accrochant quelques branches de pommier. Puis les premières personnes arrivent. Jacky Yersin apporte le champagne pour fêter dignement l’évènement.

Le retour :

Le temps de plier la toile et de remettre la voiture en route, boire un peu de champagne (au goulot il n'y avait pas de verre) la désormais célèbre coccinelle montgolfière reprend la route, et cette fois ci avec sa double propulsion. La descente du village de Château-d’Oex devient féerique car de grand coup de « queue de vache » (nom du brûleur le plus puissant) illuminent le ciel. Puis vient l’instant magique ou nous arrivons au croisement devant la manifestation, la foule applaudit à tout rompre ce retour

La Consécration :

Que vous dire de ces moments privilégiés ou se mêlent la fatigue, la joie et la satisfaction d’une équipe gagnante ? Je crois que les photos parleront mieux que moi. Désormais il faudra compter avec la Coccinelle Montgolfière ou comme déjà beaucoup de monde l’appelle : La coccinelle volante ou encore la cox ballon. C’est à la nuit tombante et sous la pluie que les dernières flammes jaillissent des brûleurs.

Cette voiture finira ses jours en Allemagne, présentée au public dans le musée Volkswagen de Wolfsburg sous l'impulsion du Docteur Professeur Wiersch conservateur du musée et de la société Amag Suisse.

Le 2 novembre 1993 à 10h00, la Coccinelle Montgolfière quitte Château-d'Oex pour le Musée Volkswagen de Wolfsburg qui en devient le propriétaire. Le lémania Coccinelle Club de Vevey a fait don de la coccinelle, et le Centre International de Ballon à Air Chaud a offert un jeu de brûleurs.

(Le groupe de trois brûleurs utilisés pour le vol appartenait au ballon de 6000 mètres cubes qui effectue des balades touristiques au Pays-d'Enhaut).

En 2000, pour le dixième meeting VW de Château-d'Oex,du 25 au 27 août, la coccinelle montgolfière reviendra sur son lieu de naissance et d'envol. Malheureusement, des indélicats n'ont rien trouvé de mieux que de retirer le nom du co-pilote soit disant qu'il ne faisait plus partie du club depuis 1995…

Mais ces noms précités, resteront à jamais dans l'histoire du monde de la Volkswagen et dans le monde du Ballon à air chaud. On peut désormais associer coccinelle et montgolfière.

Merci à toi Claude pour cette fantastique aventure.

© Martial Obéron